Il y a une évidence, qui devrait précéder tout débat politique ou écologique : Nous ne vivons pas dans une économie à somme nulle, mais à somme positive. Et cela, depuis plus de 2 siècles.
Au moyen-âge, la production était constante, seulement modulée par la météo et la qualité des récoltes. Pour s’enrichir, il fallait donc prendre une plus grande part du gâteau, quitte à réduire celle du voisin. Mais 3 choses ont changé cela. Le commerce était déjà un jeu à somme positive : acheter une baguette, c’est considérer qu’on en a plus besoin que de l’euro dans sa poche. Et ça tombe bien, le boulanger a plus besoin de cet euro que d’une baguette. Bref, lors d’un échange consenti, les 2 sont gagnants. C’est encore plus vrai lorsque l’horizon s’élargit.
On peut alors échanger avec d’autres, aux compétences et à la production différentes : une tomate pousse beaucoup mieux à Salerne qu’à Oslo. Inversement, il y a beaucoup plus de saumon à Oslo. Résultat, à Oslo, votre saumon ne vaut guère plus qu’une mauvaise tomate locale. Mais autant que 4 ou 5 sur le marché de Salerne. Vendez le là bas, où il est rare et précieux, vous pourrez vous en ramener une cagette. C’est le premier multiplicateur de l’économie positive.
Et les limites du localisme. Mais bon, je m’égare, restons focus. Le second multiplicateur, c’est bien sûr l’innovation, qui nous permet de découvrir de nouvelles sources d’énergie, de nouveaux matériaux ou des techniques + efficaces. Pour qu’elles se diffusent, il faut des unités de production, qui les fabriqueront pour le plus grand nombre. Ça tombe bien : grâce au commerce, on dispose de davantage de capitaux, et ils seront bien plus utiles pour construire une usine qu’à dormir dans un coffre. Car oui, le capital est bien le 3e multiplicateur.
Les vertus de la concurrence
Surtout quand il est en associé à la concurrence – ce stimuli qui pousse chaque entreprise à produire toujours plus efficacement que celle d’à côté, et donc à faire plus avec moins. Notre efficacité énergétique s’en ressent. Ainsi, un poulet industriel à croissance rapide, élevé en 35 jours, présente un bien meilleur bilan carbone qu’un poulet bio plein air, qui nécessite 2 fois plus d’aliments et de temps pour grandir. Pas très cool pour le poulet, mais c’est factuel. Surtout, l’innovation et le capital nous ont sorti de l’asservissement au travail manuel agricole.
Vous imaginez retourner un champs et planter des poireaux à la main ?
C’est un cercle très vertueux : moins de monde pour produire notre nourriture, c’est davantage qui se consacre à la science, la médecine, l’ingénierie… et beaucoup plus de richesses créées. Parce que non, cette hausse de productivité ne se fait pas au détriment de l’emploi : si au moyen-âge on se contentait d’une soupe et d’un toit sur la tête, on a désormais envie d’autres choses, concrètes ou immatérielles, qu’il faut produire à leur tour. Santé, loisirs… on a toujours un désir de plus.
Qui prouve que la quantité de travail n’est pas un jeu à somme nulle. Au grand dam de ceux qui veulent en diminuer le temps ou contrôler la quantité de travailleurs (de préférence immigrés), croyant mettre fin au chômage. Mais tout cela n’aura t’il pas une fin, par manque de ressources ? C’est là qu’intervient le signal-prix : qu’une chose se raréfie, son prix augmentera, limitant la demande et multipliant les recherches d’alternatives. Pour discréditer l’économie à somme positive, certains ont inventé le ruissellement. Cette théorie – jamais défendue par quiconque – suggérerait que l’argent des riches ruisselle automatiquement vers les pauvres. Raté, ici on parle de développement, pas d’écoulement. Au contraire de la croyance en un jeu à somme nulle, qui suggère qu’on ne peut s’enrichir que par le conflit – contre les riches, les immigrés, ou contre son voisin…
…l’économie à somme positive nous apprend l’espoir et la coopération : plus nous serons nombreux à créer, à investir et à échanger, plus nous nous enrichirons mutuellement.